La conjoncture historique et économique à Nantes au 19ème Siècle

 

1- L'industrie domine le commerce :

    Nantes, a su au courant du 19ème siècle, compenser en partie l'affaiblissement de sa richesse commerciale par le maintien ou le développement de certaines industries d'importance nationale: textiles, conserves, constructions navales, engrais, raffineries surtout (sucre). Une autre activité, la biscuiterie, contribuera largement à compléter l'excellente image de marque des industries alimentaires de Nantes.

    A partir de 1893, la vie maritime connaît un intense développement, entraînant la création de nombreuses maisons d'armement, spécifiquement nantaises. On construisait alors par séries les trois-mâts d'acier de 2 à 3000 tonnes. Cette période eut son point culminant en 1901.

    Mais en 1902, une crise s'amorce. En effet, une loi nouvelle sur la marine marchande favorise la construction des vapeurs, au détriment de celle des voiliers. Du même coup, un bon nombre de chantiers ouverts après 1893, dans la période d'euphorie, ferment les uns après les autres.

    Par contre, la fabrication des engrais et des produits chimiques connaît une extension remarquable. Ainsi, Nantes est le premier port phosphatier du continent au début du 20ème siècle.

    Au commerce maritime s'ajoute un très intense trafic fluvial; la première moitié du 19ème siècle a sans doute été la plus belle période de la navigation en Loire; des lignes régulières relient Nantes à Orléans, et même à Roanne.

    Mais plusieurs séries d'évenements freinent peu à peu son activité:

    C'est alors que la Chambre de Commerce décide de s'attaquer résolument au problème avec le projet de creusement d'un canal latéral qui, en 1879, est décidé d'utilité publique. Ouvert à la navigation en 1892, il va, pendant tout un temps, donner d'excellents résultats.

    Ainsi, à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle, Nantes devient une véritable métropole régionale qui exporte jusqu'à l'étranger le lait, le beurre, les oeufs, les poires, et les pommes de ses campagnes. Elle y ajoute ses propres productions: conserves, biscuits, salaisons. Elle est le premier marché de l'ouest pour ses céréales. Quant à ses usines, elles regroupent près de 25000 ouvriers.

2- Les luttes sociales

    Malgré les interdictions et la répression, elles furent nombreuses dès le début du 19ème siècle, presque toujours menées par les Compagnons (première forme d'organisation ouvrière). Ainsi les cordiers obtiennent gain de cause en 1814 et 1824. Les luttes des charpentiers de navires et celles des ouvriers des industries sous-traitantes se dérouleront le plus souvent entre deux périodes creuses de l'industrie navale nantaise qui connaîtra longtemps une activité très irrégulière et sera ponctuée de nombreux appels à l'aide de l'Etat (en 1831, le Maire écrit au Ministre de la Marine pour demander que des bâtiments de guerre soient construits dans les chantiers nantais).

    Au milieu du siècle, les premières idées socialistes émergent. Des embryons d'organisation politique dans la classe ouvrière se manifestent. Certaines professions ont créé des sociétés de secours mutuel, comme les charpentiers de navires de Basse-Indre, depuis 1834. A Nantes, le compagnonnage sera longtemps vivant, puisque des conflits en 1855, 56 et 57 seront réglés par des accords signés chez la "mère" des charpentiers.

    Le 8 juillet 1875 est constituée l'UNION des CHARPENTIERS de NAVIRES qui deviendra la CHAMBRE SYNDICALE des OUVRIERS CHARPENTIERS de NAVIRES fin 1881. En 1884, ils sont syndiqués à 76%, mais ne s'engagent dans un conflit qu'avec précaution. Les "métallos" des tout jeunes Chantiers de la Loire ont recours plus facilement à la grève. Celle des riveurs, en février 1898, fut la plus longue. Les grèvistes fréquentent peu la Bourse du travail mais leur opiniâtreté et la solidarité active des riveurs de chez Dubigeon leur feront obtenir, au bout d'un mois, 25 centimes d'augmentation par heure, sur les 50 réclamés.

    En novembre de la même année, le Maire s'adresse de nouveau aux pouvoirs publics et réclame des commandes militaires. Le secrétaire de la Bourse du Travail fera de même en 1909.

    Nouveau succès des riveurs en 1912 (A.C.L et A.C.B). En 1913, les responsables syndicaux vont entamer une campagne contre les heures supplémentaires et le travail du dimanche. Mais la majorité des ouvriers des Chantiers de la Loire ne les suivront pas.

    Avant la première guerre mondiale, les ouvriers de la navale sont parmi les rares à bénéficier d'un contrat collectif (le "bordereau de salaires").

 

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